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Le blog de Frédérique Heurguier, conseillère régionale de Basse Normandie
26 avril 2011

Touche pas au nucléaire ?

Aujourd’hui, c’est le triste anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. Cet accident nucléaire d’avril 1986 est loin d’être « résolu » tant ses effets continuent d’être dévastateurs. L'explosion avait relâché environ 400 fois plus de radioactivité que la bombe atomique larguée par les Etats-Unis au-dessus d'Hiroshima au Japon en août 1945. Les conséquences environnementales et socio- économiques sont encore dramatiques. Cf. http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/heritage-sovietique/tchernobyl.shtml

 

Le 11 mars dernier, Fukushima, autre accident nucléaire survenu après tremblement de terre et tsunami. La catastrophe impactera le Japon pour des décennies. L’air, l’eau, les produits agricoles de la zone (difficile à déterminer précisément pour l'instant) sont contaminés. Les impacts sur la santé pour la population locale seront considérables.

 

Les coûts financiers dans les 2 cas sont difficiles à évaluer mais exponentiels – et je ne parle pas de la catastrophe de Three Mile Island en 1979. A Tchernobyl, les dépenses additionnées des trois pays (Russie, Ukraine, Biélorussie) sont estimées à plus de 500 milliards de dollars. Pour Fukushima, le seul coût de la structure de protection des réacteurs est estimée à 1,6 milliard d’euros (Source Actu-environnement).

 

Il est temps de lancer sereinement le débat sur la stratégie énergétique de notre pays. Débat actuellement passionné et biaisé. Trop de raccourcis sont effectués par les pro et les anti et une mise à plat transparente de tous les aspects s’impose. Au sein du Parti socialiste, les avis sont partagés, ce n’est pas une révélation.

 

Pour ma part, j’ai toujours été réticente à cette forme d’énergie, essentiellement pour les raisons suivantes : la dangerosité et les déchets. La dangerosité, inutile de le rappeler compte tenu des accidents que je viens d’évoquer. Je pourrais aussi citer Albert Jacquart « Il faut abandonner le nucléaire en raison de la nature même de cette énergie. Notre organisme sait nous prévenir de la plupart des dangers, pas de la radioactivité. Elle n’est pas détectable par l’organisme humain ! Nous ne sommes ni prévenus, ni immunisés…  Qu’il s’agisse du nucléaire civil ou du nucléaire militaire, les conséquences sont les mêmes : on est en train d’organiser le suicide à long terme de l’humanité.»

 

Les déchets car je m’interroge sur les conséquences à long terme sur les générations futures. De quel droit leur laisse-t-on ces tonnes de déchets dangereux, qu’il faut confiner, répertorier scrupuleusement ? Il est souvent fait référence à deux citations pour définir le développement durable : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants » d’Antoine de Saint Exupéry et celle attribuée à Gro Bruntland « Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Pour ma part, je pense que l’énergie nucléaire est loin d’être durable et qu’il n’est pas responsable de ne pas s’interroger plus sur les alternatives possibles à ce mode d’énergie afin de ne pas laisser reposer sur nos enfants la mauvaise gestion de nos choix.

 

En tant qu’élue, je suis interpellée aujourd’hui car notre région est concernée au premier chef avec le nucléaire et particulièrement le chantier de l’EPR. Bien qu’il ne soit pas dans la compétence de la région de se déterminer en matière d’énergie, elle impulse ou accompagne certains développements à l’instar de ce qui se passe en ce moment avec les énergies marines renouvelables. Le chantier de l’EPR amène un certain nombre de questions que l’on ne peut occulter :

 

La dangerosité, j’y reviens : Les risques ne sont pas seulement sismiques : Terrorisme, marée noire, défaillance humaine, matérielle..

 

Les réserves de l’autorité de sûreté nucléaire elle-même : 

Trois autorités de sûreté du nucléaire, l'ASN française, l'HSE/ND britannique et le Stuk finlandais, ont émis en 2009  de sérieuses réserves sur la sécurité des réacteurs nucléaires EPR. Les agences ont critiqué notamment les systèmes dits de «contrôle-commande» qui effectuent des relevés automatiques et corrigent en fonction de ces mesures deux de ces systèmes, l'un assurant le contrôle de sécurité des installations et l'autre faisant fonctionner les réacteurs. Cf. rapport de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, l'IRSN, sur ces systèmes.

Tout récemment,  en présentant son rapport sur la sûreté nucléaire en France, André-Claude Lacoste, Président de l'Autorité de sûreté nucléaire, n'a pas caché que l'accident de Fukushima obligeait à se reposer toutes les questions. Et d'abord sur le chantier de Flamanville. «Je pense que si la question d'un moratoire se pose, et nous nous la posons, ce sera sur la construction de Flamanville 3», a-t-il dit devant les députés.

Les difficultés rencontrées dans la construction des systèmes EPR engendrant des coûts faramineux : En Finlande, les embûches se sont amoncelées sur le chantier: alors qu'elle devait entrer en fonction en 2009, la mise en exploitation n'est plus prévue que pour 2012; le coût évalué à 3 milliards d'euros lors de la signature du contrat en 2003, a pris 50% pour monter à 4,5 milliards, voire 5 au final En France également, sur le site de Flamanville, les travaux ont subi des retards après que l'ASN avait repéré plusieurs négligences dans la formation des prestataires, dans la qualité des matériaux employés et après un accident mortel. Les autorités britanniques ont annoncé début avril avoir reporté une décision concernant l'autorisation de nouvelles technologies nucléaires pour la construction de réacteurs, afin de s'assurer que les "leçons ont été tirées des événements du Japon".

La non-transparence sur la filière nucléaire compte tenu des intérêts financiers et de la volonté de «cacher certaines informations » en raison des risques terroristes, et malgré la mise en place du « Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire ».

Ces questions doivent être abordées sans parti pris, des réponses doivent être apportées par nos responsables politiques nationaux et le débat engagé à l’occasion des échéances électorales. 

        

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