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Le blog de Frédérique Heurguier, conseillère régionale de Basse Normandie
12 juin 2008

Pac 1, 2, 3 et bientôt 2013.....

Ca fait drôle d'être à Bruxelles le jour où l'Irlande doit se prononcer par référendum sur le traité européen. Pour une fois qu'un peuple est consulté.. Je sais ça énerve au plus haut niveau que le peuple puisse dire non pour "bloquer" un peu les choses.. oui, mais voilà, le peuple, il voudrait bien savoir, il voudrait bien comprendre, il voudrait bien voir les effets concrets de la politique européenne. On lui dit : tant de millions d'euros dans la cohésion sociale, dans la politique agricole...etc oui, mais quand plus de 80 % des aides vont à ceux qui sont déjà les plus favorisés, quand la libéralisation des politiques aggrave les écarts et qu'il n'y a que ceux qui ont les moyens qui s'en sortent, le peuple préfère le repli sur soi et on peut le comprendre, non ? Je suis donc à Bruxelles à l'invitation de la région allemande Sachsen-Anhalt pour présenter au représentant agriculture de la commission européenne la position que 4 régions de l'Ouest (Basse Normandie, Bretagne, Pays de Loire, Poitou-Charentes) ont prises vis à vis de la PAC et ses orientations pour 2013. Voilà les points forts de cette position :

La PAC doit avant tout être une politique alimentaire commune. Dans un monde où la population augmente et les ressources se raréfient, l’indépendance alimentaire est un enjeu vital pour l’Union Européenne. La PAC doit se concentrer sur la satisfaction durable du marché intérieur européen tout en veillant à ce que l’agriculture et le secteur agroalimentaire européens dépendent aussi peu que possible des importations. Cet objectif ne peut être atteint que si la PAC reste une politique commune et si les moyens alloués sont suffisants

La PAC doit assurer la régulation des marchés, au bénéfice des agriculteurs mais aussi et avant tout pour l’ensemble des citoyens. La libéralisation de la PAC met notre agriculture et donc l’ensemble des citoyens à la merci de crises dévastatrices. L’actuelle hausse des prix et la crise alimentaire que connaissent différentes parties du monde ne sont qu’un aperçu de ce que peut entraîner la libéralisation de l’agriculture. De plus, l’agriculture joue un rôle socio-économique essentiel en tant que pourvoyeuse d’emploi mais aussi en tant qu’activité structurante pour l’espace rural. En conséquence, l’Europe ne doit pas se priver des outils qui lui permettent de réguler les marchés et elle doit se réserver le droit de protéger ses productions agricoles les plus vulnérables et les plus indispensables à son approvisionnement. En contrepartie elle ne doit pas mettre en danger l’indépendance alimentaire des pays tiers, notamment via les subventions à l’exportation.

La PAC de demain doit promouvoir une agriculture durable et compétitive. La principale force de l’agriculture européenne, c’est sa diversité. La PAC doit donc promouvoir l’adaptation optimale aux terroirs, les productions de qualité, les appellations d’origine, l’agriculture biologique et le non-OGM. Il s’agit d’une question de modèle de société mais aussi d’avantage comparatif dans le commerce mondial. Par ailleurs, l’agriculture est une des activités humaines les plus dépendantes des facteurs environnementaux, il faut donc s’assurer que les modes de production respectueux de l’environnement soient encouragés.

Enfin, la PAC doit être optimisée au sein de chaque région. La PAC est une politique décidée au niveau européen et national mais elle produit essentiellement des effets au niveau local, nous devons donc pouvoir adapter la PAC aux réalités des territoires. Nous demandons donc que l’ensemble des aides soient gérées au niveau de nos territoires, quelle que soit l’autorité de gestion. Les modalités d’attribution doivent être débattues et adaptées au niveau régional et avoir la possibilité d’évoluer dans le temps. A ce titre les Régions devraient également pouvoir gérer une politique européenne de développement rural qui soit distincte de la PAC

Pour terminer, je voudrais réaffirmer la volonté des régions de l’Ouest de la France de participer au débat européen. Le contexte est difficile : croissance de la population, demande mondiale en nourriture, changements climatiques, compétition pour l’accès à la terre et à l’eau, ce n’est pas le moment de baisser les bras mais au contraire de défendre l’intervention d’une puissance publique régulatrice au niveau européen. C’est un débat dont chacun doit s’emparer puisqu’il touche à notre capacité à nous nourrir à des prix abordables avec des aliments de qualité et donc plus généralement au modèle de société dans lequel nous souhaitons vivre. La politique agricole doit donc rester communautaire et se donner les moyens de remplir les objectifs qui lui sont assignés.

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