Qu'est-ce qu'être français ?

Monsieur le Sous-préfet,

Vous m’avez envoyé une invitation à participer au grand débat sur la question de l’identité nationale.

Permettez-moi de vous informer de ma réflexion par rapport à ce débat. Tout d’abord, je suis choquée par la façon dont il est organisé. En effet, la mise en scène orchestrée à cette occasion ne m’apparaît pas digne, neutre et objective. La preuve en est de la co-présidence des parlementaires qui donne une tonalité politique engagée et partiale. Il faudrait, pour qu’il y ait véritablement débat que non seulement les politiques de toutes tendances, mais aussi les historiens, les sociologues, les philosophes et experts des sciences humaines en général soient mobilisés. Les conditions dans lesquelles le débat est organisé ne permettent pas le recul nécessaire, la richesse des contributions et la pluralité d’opinions.

Ensuite, la question posée « qu’est-ce qu’être français aujourd’hui ? » et les thèmes cités sur le site Internet consacré au débat, dont beaucoup font partie d’un champ lexical particulier : immigration, burqa, communautarisme, étranger, intégration etc.., me semblent dangereux et ne vont pas dans le sens du respect de chacun et de la cohésion nationale. Je remarque aussi que les mots femme ou parité sont étrangement absents de la liste. Pourtant le symbole identitaire « féministe » des Marianne porté par la Nation aurait dû mieux inspirer ceux qui proposent le projet de loi relative à l’élection des conseillers territoriaux qui signifiera, s’il est voté, un recul historique de la place des femmes en politique dans notre pays.

Enfin, vouloir définir officiellement ce qu’est l’identité nationale ? Mais commençons d’abord par donner aux enfants et aux jeunes les moyens de s’approprier les valeurs de la République et la compréhension du monde ! Cet enjeu est fondamental. C’est un engagement à long terme d’éducation et de formation contraire aux réformes expresses non réfléchies mises en place actuellement et à la dégradation substantielle des moyens alloués à tous les secteurs de l’Education.

Pour toutes ces raisons que je rendrai publiques, je ne participerai pas au débat organisé à Avranches le 14 décembre prochain.